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Disorder in Discipline-



Wednesday 7 October 2009

BELOW THE BOTTOM SHELF avec ... DIDIER PERON

Nouvelle rubrique sur D in D, BELOW THE BOTTOM SHELF, un questionnaire -changeant- envoye a des gens que l'on aime bien, a des gens qui pourraient nous conseiller des livres, a des gens qui pourraient avoir des choses a dire. Le nom l'indique, les choix sont personnels (obscurites, classiques mal connus, lubies, etrangetes ou simples livres oublies...) et l'invite en parle comme il veut. Presentation de ce dernier: Mr Pornocchio.

Je n’ai jamais osé lui poser la question de front, mais il n’est pas impossible que la scène primitive esthétique de Didier Peron soit un incident méconnu concernant Lawrence Felt, lequel aurait en 1985 viré son bassiste sous prétexte qu’il était frisé. D.P. m’a raconté ça au moins 20 fois, ce qui n’étonnera pas ceux qui depuis le mitan des années 90 lisent (en se mordant les joues) ses articles dans Libération (où il est responsable des pages cinéma), tout en guettant le moment où, au tournant d’un paragraphe, tombera sans justification donnée une remarque décapante sur tel acteur affligé d’une cascade capillaire pas possible. Si ce n’était que ça…. Il est le seul critique de cinéma en France à parvenir à vous décrire un spleen new wave dans toute sa profondeur, à être juste jusque dans l’exagération … pour toujours conclure sur une accélération assassine et drôle, histoire de replacer l’affect à son niveau de dérisoire, sinon de ridicule avoué. Nous a, comme cela, réconcilié avec David Lynch, avec David Bowie, avec cette vielle pomme au four de Robert Smith, avec l’adolescence en province et les manteaux feutre, avec Kubrick, avec Bergman - mais toujours pas avec Mylène Farmer, malgré un papier d’anthologie sur son live à Marseille 99. Nous a aussi appris à voyager loin, très loin, et plutôt seul. Mais voilà, à jouer les incarnations d’un journalisme cassant (aimant et exigeant, donc) se tenant d’instinct à distance de tout, il ne se passe plus un mois sans qu’un critique (envoûté ?), une attachée de presse (exaspérée ?), un directeur de festival (le fusil à la main) ne nous saute dessus pour nous demander à quoi, bordel de merde, ressemble Didier Péron ? Johnny Deep mâtiné Another Country shooté au tofu, ça vous va ? On le voit peu. Sa férocité légendaire s’en trouve renforcée, et notre admiration avec. Pour DiD, il essuie - et bien - les plâtres du Questionnaire. Maintenant, Coco, on attend les chroniques.


-Quel ecrivain est-il le mieux habille et lequel a la meilleure coupe de cheveux? Le mieux habillé c’est sans l’ombre d’un doute Paul Bowles qui portait d’incomparables costumes rose pâle. Pour la coupe de cheveux, je penche pour Emile Nelligan à 19 ans, garçon aussi beau que Rimbaud, poéte quebecquois né à Montréal en 1879, interné en 1899 dans un asile où il a passé 42 ans, « dégérescence mentale, folie polymorphe ». « Ma vie est un blason sur des murs de ténèbres/Et mes pas sont fautifs où maintenant je vais. »

-Quel titre de livre pourriez vous faire tatouer?
Extinction (un effondrement) (le dernier livre de Thomas Bernhard)

-Hors fiction, quel est votre livre fetiche?
Question compliquée…Je dirai tous les livres hors romans de V.S Naipaul, en particuliers An area of darkness (l’illusion des ténébres). Naipaul, de famille indienne venue s’installer dans les caraîbes (Trinidad) pour y trouver du travail, éduqué en Angleterre, fait le récit de son premier voyage en Inde où tout, absolument tout, qui lui rappelle ses origines perdus, incompréhensibles, honteuses, l’horripile au dernier degré. Mon goût pour le Naipaul voyageur (en Inde, en Amérique du Sud, dans les contrées islamiques…) a été néammoins fortement ébranlé par la lecture des essais de l’intellectuel palestinien Edward S. Said (Réflexions sur l’exil, chez Actes Sud) où il régle son compte à celui qu’il considère comme un maitre de l’ethnocentrisme dédaigneux : « il s’appuie sur la tradition européenne soit disant directe qui a toujours été dangereusement prompte à transformer des impressions désenchantées en une généralisation à l’emporte-pièce.»

-Ou lisez-vous? Chez moi, au lit ; dans le train ; dans les restaurants ou les cafés à l’étranger quand je voyage seul, ce qui m’arrive assez souvent. Jamais dans les cafés parisiens.

-Une ligne d'un poeme? « Déjà la nuit contemplait les étoiles. Et notre joie se métamorphose vite en pleurs. Jusqu’à ce que la mer se fut refermée sur nous » (Dante cité dans Le Mépris de Godard)

-Quel livre est a adapter au cinema en urgence?
D’urgence, Mason and Dixon de Thomas Pynchon (mais pas par Terry Gilliam par pitié, plutôt Paul Thomas Anderson) ;

-S'il ne restait qu'un livre sur le cinema? Je crois que je n’aime pas du tout lire de livres sur le cinéma (les trucs théoriques, les monographies, ça me tombe des yeux, un peu moins les bio…). Je citerai pour ceux qui ne l’auraient pas lu, le petit livre de Samson Raphaelson, Amitié (chez Allia), sur sa relation à Ernst Lubitsh dont il fut scénariste.

-Quel livre vous definirait le mieux? C’est totalement présomptueux mais je dirais La période bleue de Daumier-Smith de JD Salinger (in Nouvelles).

-Votre Audiobook ideal ?
Les Alligators Souriants, éditions Tristram, un CD d’écrivains (Genet, Kerouac, Celan…) lisant des extraits de leurs œuvres concoctés par le duo Hadrien Laroche et Michel Jourde, créateurs de l’éphémère revue de litterature l’Immature rattachée aux Inrockuptibles première période.

-Un livre ayant suscite chez vous un emoi sexuel (apres l'adolescence)? Vous voulez vraiment savoir ça ? well, well, New-York Rage de Bruce Benderson, série de nouvelles sur le New-York d’avant le nettoyage Giulianni, des histoires de traders hétéros qui s’envoient en l’air avec des gigolos latinos bourré de crack dans des chambres d’hôtel sordides. Enfin dans mon souvenir…

-L'ecrivain dont le style (ecriture) vous touche le plus?
Il y a eu Claude Simon, j’ai tout lu dans un état de fascination totale. Actuellement, et il y a une logique, c’est Faulkner mais pas tout (je n’arrive pas à lire De bruit et de fureur par exemple, encore essayé cet été, pas plus que Tandis que j’agonise), mais Lumière d’aôut, les Palmiers sauvages, Absalon, Absalon, c’est grisant. En fait je me suis aperçu que ceux qui me plaisaient le plus, que je lisais avec avidité était tous traduits (en Pleiade) par un certain François Pitavy, à tel point que j’ai fini par me demander si j’aimais peut-être par dessus tout le style de Pitavy bien plus que Faulkner en définitive .

-Un livre qui vous a fait pleurer? Dora Bruder de Patrick Modiano, Un autre d’Imre Kertesz, La mort en Arabie de Thorkild Hansen, La litterature nazie en Amérique de Roberto Bolano (mais de rire, cette fois là).

-Un heros litteraire de votre enfance, un pour maintenant et un pour vos vieux jours? Enid Blyton (Club des Cinq et Clan des sept) + Rahan + Joana Lumley (as Purdey dans Chapeau melon et bottes de cuir dernière période…) ; Lester Bangs + le narrateur détraqué de la Recherche du temps perdu (jetez lui l’eau froide !) + Walter Benjamin ; moi, jeune + Ian Curtis + Blake Edwards.

-Vous devez ecrire un titre de la serie SAS. Quel serait son titre? Quelle actrice pour la photo? SAS s’passe à Las Platas (et c’est la tasse !) avec Megan Fox en couve (mais décolorée en blonde avec du dentifrice au coin de la bouche)

-Quel livre choisir pour "choquer le bourgeois"?
Salope de Dennis Cooper monté en spectacle de marionnettes dans une école maternelle. Ou Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat lu à haute voix à la télévision par Claire Chazal pendant le 20h de TF1.

-Un grand roman de droite? A la recherche du temps perdu. Et puis comme chacun sait la litterature n’est pas de gauche, la bonne s’entend.

-Votre Blake et Mortimer (ou Tintin) favori? J’ai un faible coupable pour Tintin et les picaros, que les puristes n’aiment pas, Hergé tardif, mais c’est le premier que j’ai lu. Hergé est un génie à l’état pur, tout est bien, et plus que bien et je voudrais qu’on fasse tirer au canon sur les crétins qui essaient de se rendre interessants en fustigeant le racisme dans les premiers Tintin (notamment le volume africain). J’ai entendu encore ça à la radio récemment. Quelle époque lamentable.

-Un critique litteraire que vous pourriez suivre les yeux fermes? Mon ami Michel Jourde qui n’écrit plus d’article, hélas ! (cf plus haut, Immature)

-Que lisez vous en ce moment et quel fut votre dernier choc litteraire? Je lis La ville de Faulkner, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte de Marx, La prospérité du vice de Daniel Cohen…Dernier choc : Vie d’Arseniev d’Ivan Bounine, autobiographie romancée de ce russe issu de l’aristocratie en voie d’être ruinée de la fin du XIXème siècle, il a fui la révolution et s’est installé dans le sud de la France où il est mort (non sans avoir reçu le Nobel auparavant). Un chef d’œuvre. L’exemple même de la conscience lyrique, obsédée par la nature, les détails sensoriels de l’existence et qui bute contre un fait historique massif, les débuts de la contestation du régime tsariste, y compris au sein de sa propre famille puisque son frère est envoyé au bagne pour activités séditieuses.

-les trois livres que vous recommandez toujours parce que vous pensez que personne d'autre ne les connait?
Je ne suis pas le seul à les connaître car je ne suis pas très bon à ce jeu là mais dans la catégorie peu exposée, je suis tombé sur quelques livres qui m’importent beaucoup
Enterrement à Therisienbourg de Miroslv Krleja, Histoire d’un allemand de Sebastian Haffner et Safari Noir de Paul Theroux.

-Quelque chose de redhibitoire dans un livre? Tout ce qui a trait à l’imitation des choses les plus prosaîques et éphèméres d’une époque, l’argot, le parler-jeune, la mode,le style journalistique, l’exposé des petits drames familiaux ou conjugaux.

1 comment:

  1. Didier, par ta faute (oui, ta faute!!!) je viens de dévorer Dora Bruder, de Modiano. Il y avait longtemps que je n'avais pas commencé un livre dans un café (à Campo Formio) pour le terminer quelques heures plus tard dans un autre (à Pyrénées). Dans la foulée, j'attaque Un pédigrée (dans un café, non loin du métro Cité)

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