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Wednesday 14 October 2009

TROIS...autres bons bouquins sur la junkitude.

[Autre nouvelle rubrique, "Trois.." bouquins, choix de D in D sur un sujet comme un autre, en rapport ou pas avec un autre, chroniques plus courtes ne voulant pas dire bouquin moins important...]

Trois bons bouquins sur la junkitude, c'est deja pas mal..Franchement, on ne sait pas si il est un autre sujet qui attire autant la mauvaise litterature (mauvaise en tout genre: normative, self-indulgent, pseudo-trash...). On a sauve, entre autres quand meme, ces trois volumes la.


William Burroughs Jr., « Kamé Kazé (Kentucky Ham) », Flammarion 1975


« Le passé n’est que fiction » dit mon père et j’aurai tendance à le croire. Junky accompli à 16 ans, William Burroughs Jr. a également hérité de son père un certain goût pour l'écriture. Loin du psychédélisme glacial du vieux Bill, Junior a trouvé sa propre voie, drôle et féroce, pour nous raconter comment après plusieurs arrestations pour usages de stupéfiants, il est envoyé en détox à la ferme de Lexington dans le Kentucky (The Narcotic Farm dont on vous parlait il y a quelque temps), établissement model où ils sont censés traiter les drogués « non comme des criminels, mais comme des personnes entières ». Vue de l’intérieure, la ferme ressemble à un zoo où l’on parque les toxs telle une espèce dont il faut cacher l’existence. Visite interdite au public. Amenez plutôt les gosses à Disneyland. Dans cette jungle peuplée de zombies, Jr ne trouvera pas sa place. La route de la détox le mènera dans une communauté hippie, sur un bateau de pêche et enfin en Alaska. Plus « Rehab book » que « Junky book », Kentucky Ham vaut également le détour pour sa première partie où Junior parle avec pas mal de tendresse et d’humour de sa famille et de ses frasques d’apprenti toxico entre New York, Tanger et Miami.

Alexander Trocchi, Caïn’s Book, 1960 (Le Livre de Caïn, traduit par Edoardo Diaz, Edition du Lézard, 2000).

Quand Trocchi publie The Caïn’s book en 1960, il n’a peut-être que 35 ans mais sa réputation de trou du cul n’est déjà plus à faire : Glasgow boy passé par Paris, il y crée une revue, Merlin, qui publie Beckett, Genet, Miller, Sartre, écrit sous pseudos des livres sexys pour Girodias (procés en veux-tu en voilà) et se permet même un premier chef d’œuvre, Young Adam. Puis, comme de juste, se lie aux Situationistes notoirement alcooliques - on ne saurait être tout à la fois, Trocchi sera héroïnomane. Son addiction deviendra notoriété publique (avec les emmerdes qui vont avec) à la sortie du Livre de Caïn, livre même plus à clé, jeté à la flotte comme un (dernier : il n’écrira plus ensuite) journal d’exil : ce Joe Necchi enfoncé dans la défonce sur une péniche amarrée en baie d’Hudson, qui cherche ses plans dans Harlem pendant que sa fiancée, tox aussi, fait des passes, c’est lui - jusqu’à l’os : affirmation, après De Quincey, après James Lee, après Kavan, après Burroughs, d’une vie (possible ?) de junk littéraire. Qu’est-ce qui en fait, de surcroit, le meilleur livre sur la junk écrit par un junk ? Son refus de plaire, sa froideur totale. Quand les phrases tombent, elles font un drôle de bruit blanc qui ne cherche plus depuis longtemps sa once minimum d’émotion. Dedans, c’est tout.

Ann Marlowe, How To stop Time-Heroin From A to Z, Virago, 2002

Certes l'air de pas grand chose, mais un des rares qui sonne juste, ce bouquin. Peut-etre parce que Marlowe a compris qu'on devait parler de l'heroine comme on aime a parler d'autre chose, avec la distance de celui qui sait vraiment de quoi il parle (l'autre n'est il pas trop fascine?), avec les justes hesitations (derniers remparts contre le discours) qui vont avec la sensibilte, avec la lucidite de ceux qui ne refusent jamais de "plaisanter sur un sujet grave" . Devrait etre prescrit d'office aux parents inquiets, artistes maudits, moralistes cokes et autres junkies repentis.

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